Pour rebondir sur ce que tu dis @sebsauvage... Et CE N'EST PAS UNE ODE AU «BON VIEUX TEMPS» DU TOUT

Chaque nouvelle techno qui facilite la vie en nous libérant d'une tâche nous prive de la compétence que la résolution de cette tâche réclamait...

• avant l'appli contact des smartphones, on avait tous entre 15 et 20 numéros de tél dans la tête... aujourd'hui, on ne cherche même plus à le mémoriser et je ne connais par coeur AUCUN des numéros de mes enfants !
• avant le GPS, on galérait grave avec des cartes pour se repérer mais on y arrivait, aujourd'hui, on n'y réfléchit même plus. Résultat, les gens comme moi, qui n'ont pas le sens de l'orientation, ont vu cette compétence s'atrophier encore plus: aujourd'hui, si je tombais d'une falaise, il faudrait que je m'arrête en chemin pour demander où c'est...
• avant la calculatrice dans le smartphone, on arrivait encore à faire calculer les gamins: aujourd'hui plus qu'hier, ils sortent la calculatrice pour tout calcul, même le plus simple... 2x4 calculette, 2+2 calculette..; et ils perdent même l'idée de le calculer de tête («flemme» «c'est trop dur» «à quoi ça sert») J'ai des élèves devant une note sur 10 qui m'ont demandé combien ça faisait sur 20.
• avant la bagnole, on allait moins loin, certes mais on y allait à pied (et on était moins assujettis au temps). Aujourd'hui, s'il y a plus d'un km à faire, on y va en bagnole ou avec une de ces trottinettes ridicules.

Tout devient trop dur par défaut puisque le plus simple c'est de le faire faire par un autre.

En nous libérant de l'effort à faire pour obtenir un résultat, la technologie nous prive de l'entraînement à la compétence qui en dépendait. Si la compétence en question était ultra spécifique et inutile ailleurs, ok (allumeur de réverbères, bourreau, sonneur de cloche, lavandière ...) mais quand ce sont des capacités cognitives de base et desquelles dérivent tout un arbre de compétences diverses, on devrait pour le moins être prudent.

Du coup, si les états poussent autant vers l'IA et le cortège de régressions cognitives qu'elles supposent... ça pue un peu, non ? Grâce la réduction de nos capacités mémorielles et déductives, de notre langage et de notre raisonnement, L'IA pourra nous régurgiter la propagande qu'on lui aura donné à bouffer et on la prendra pour parole d'évangile.

Si la fonction crée l'organe, l'absence de fonction défait l'organe.

L'aspect pervers moins visible qui me saute aux yeux est que ceux qui utilisent les IA pour générer quelque-chose ont le sentiment d'en être l'auteur et te disent: JE l'ai fait avec ChatJ'aiPété. Non mon gros, TU n'as rien fait, tu l'as fait faire à un truc qui l'a fait À TA PLACE.

Si on se fait déposer en hélico en haut du Mont Blanc, on ne dira pas «J'ai fait le Mont Blanc!» parce qu'on a pas bougé son gros cul et qu'on n'a pas sué une goutte. Et qu'après la balade en hélico, on est toujours aussi incapable de monter à pied qu'avant...

Mais bon, on a des belles photos pour se la péter sur Insta: l'essentiel est sauf. Ouf.