Note: 1er Mai, Présidentielles, Macron, Le Pen, et les autres... - Les liens du Lapin Masqué

Tellement d'accord que je copiecolle ici:

Le 1er Mai est toujours un moment intéressant de partages et d'échanges. Notamment parce que c'est une date qui nous force un peu à penser le travail, sa situation actuelle et son avenir. J'écris directement dès mon retour, plein de cette énergie particulière, de ces échanges passionnants, de ces moments d'écoute et de discussions qui sont au cœur de nos engagements collectifs. Le 1er Mai est toujours un moment intéressant, il est "à nous", travailleurs, chômeurs, laissé⋅e⋅s pour compte.

Et de ces échanges apparaît quelque chose que, peut-être, nous n'avons pas su voir venir. Persuadés de notre bien fondé, nous n'avons peut-être pas su voir à quel point la fameuse dédiabolisation avait à ce point marché sur nos esprits, à nous, les progressistes. À quel point cette longue préparation de voir Le Pen au second tour nous a préparé à l'accepter plutôt que de la combattre. À quel point ce mécanisme nous fait voir comme évident quelque chose qui ne devrait pas l'être.

J'ai le privilège de faire partie d'un syndicat qui lutte aux côtés des sans-papiers, et l'honneur de défiler avec eux, eux qui risquent bien plus que moi si jamais un flic venait à les choper. C'est dans une de ces discussions, entre deux grenades lacrymogènes et trois grenades de sésencerclement, lancées en lobe, que ça m'a frappé. Non pas la matraque des CRS, pourtant extrêmement provocateurs, mais le fait qu'on nous a endormi devant ce risque, au point que certaines personnes puissent penser que Macron serait un danger équivalent à Le Pen.

Si aucun des deux choix n'est un choix progressiste, ce ne sont pas, et de loin, des choix équivalent. Le vote Le Pen légitimera les exactions des fachos contre les minorités, là où on peut, encore aujourd'hui, les combattre. Le Pen ne mettra aucune barrière aux flics ou aux citoyens dans l'expression de leur racisme, pas même un de façade, vague et mince espoir sur lequel nous appuyer. Si Macron et Le Pen proposent tous les deux la mise à mal des syndicats et des partis, dans un cas nous pourrons lutter au grand jour alors qu'un autre choix nous poussera dans la lutte clandestine.

Et cela sans compter l'impact sur ce qu'on appelle les "minorités", qui ne sont en réalité rien de moins que nos frères et sœurs. Dans les deux cas, cela sera compliqué, oui, c'est vrai. Mais une des deux solutions qu'on a aujourd'hui sera beaucoup plus directe dans leur mort, car c'est bien de haine et de mort dont il s'agit ici. Un des choix nous permet de nous y opposer, même s'il faudra déployer beaucoup d'énergie pour avoir une petite avancée, alors que l'autre ne nous laissera pas d'autre choix que de courber l'échine et compter nos morts.

Ne nous y trompons pas : il ne s'agit pas de faire un choix idéal, car aucun ne nous est proposé. Il s'agit de choisir le contexte dans lequel nous pourrons continuer les luttes.

Quant à l'idée que les législatives pourraient atténuer l'un ou l'autre pouvoir présidentiel : oui, en effet, elles le peuvent. Le premier point est tout d'abord d'arriver à avoir des majorités progressistes à l'Assemblée, ce pour quoi il faudra lutter, déjà. Et de l'autre, à atténuation égale, ne faudrait-il pas atténuer le pouvoir le plus faiblard des deux ? C'est à dire celui de Macron. Et il n'y a pas de choix hein : c'est l'un OU l'autre, il n'y a pas de 3ème voix, ça sera forcément l'un des deux qui sera élu et qui sera à la présidence, quoiqu'on veuille faire dire à son bulletin de vote.

Le risque est réel, personne ne peut en doute, et nous nous sommes laissés endormir. Fort heureusement, il n'est pas trop tard.

J'avais, à l'issue du premier tour, évoqué l'idée de voter blanc/nul. Cela ne me paraît plus être un choix envisageable aujourd'hui. Je voterai donc pour éliminer le plus grand des dangers, tout en n'oubliant pas que je n'apporte absolument aucun atome de soutien au projeeeeeeeeeet de Macron, et je ne me garderai pas de le dire et de le crier sur tous les toits : il ne s'agit en aucun cas d'un vote de soutien, bien au contraire. Peut-être devrions-nous trouver un moyen de le dire bien plus fort, sans doute même.

Bien évidemment, il ne s'agit pas d'une consigne, je n'ai aucune personne qui, je crois, ne me suis pas pure dévotion ; d'ailleurs, je n'en voudrais pas, j'ai déjà bien assez de la responsabilité de moi-même. Cependant, je m'interroge, et je partage donc mes interrogations : quel effet ça a sur vous, la dédiabolisation du FN, du coup ?




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