J'abandonne...II
Vous vous rappelez quand je disais que j'abandonnais
Ben ça continue !
Désolé d'avance pour ce post très très long.
Le contexte
Arès avoir abandonné l'appli d'évaluation que j'utilisais à cause du RGPD et sous la menace de mon chef, j'ai continué à utiliser des trucs à moi mais sans identification ni collecte de résultats d'aucune sorte:
- je m'étais fait un espace documentaire permettant de regrouper tous les documents et informations utiles d'un cours ou d'une séquence pour que les élèves y accèdent depuis chez eux à l'aide d'un simple lien / qrcode
- j'avais fait une appli de révision des trucs «mécaniques» (conjugaison/numération etc)
Autant dire que quand la nouvelle du confinement est tombée, j'étais prêt à bosser dès le soir même. Je me suis mis à coder sans compter mes heures pour ajouter des options et exercices supplémentaires:
- un espace dictée de mots, un espace de révision de la forme progressive, des verbes irréguliers de base... (aprendomatico)
- la possibilité de créer des pages complexes, des galeries, des formulaires de travail (appli documentaire)
- j'ai créé un email spécial pour que les élèves puissent m'envoyer leurs travaux plus facilement
- j'ai mis en ligne une page simple pour résumer au jour le jour le travail demandé afin qu'on puisse y accéder avec un smartphone, sans connexion à l'ENT et avec une connexion modeste.
- j'ai créé une page de chat pour que les élèves puissent avoir de l'aide en temps réel même avec un simple smartphone et une connexion 3G.
Bref, j'étais au taquet dès les premières heures.
J'ai bien fait...
Dès les premières minutes du lundi matin, l'ENT était à genoux. Ils ont mis quatre jours avant que ça fonctionne à peu près et encore en coupant dans les services proposés et en établissant des horaires de connexion.
Les élèves étaient ravis de ce que je proposais, le travail s'organisait sans souci, les travaux arrivaient et je les corrigeais au fur et à mesure sans compter mes heures tout en améliorant les applis, en faisant travailler mes propres mômes, aidant les élèves sur le chat... Bref quadruple boulot. Chacun avait une correction personnelle avec les lignes à suivre pour améliorer le tout.
Quand il me restait du temps, je faisais des vidéos de cours pour expliquer des faits de langue que je comptais exploiter dans les activités.
Hélas
Au bout de la deuxième semaine, mon chef est revenu à la charge pour me chier dans les bottes en me «demandant» (ordonnant):
- de virer «une image à l'humour douteux» que je joins ici
- de ne plus utiliser mes applis.
J'ai bien entendu refusé arguant du fait que:
- il était mal placé pour me donner des leçons de bon goût en matière d'images dans le cadre professionnel; il poste régulièrement des trucs du genre ça:
Qu'il a posté quelques mois après avoir refusé de voter le budget du voyage au ski.
- les applications personnelles ne collectaient aucune info du tout, ne demandaient aucune inscription et aucune donnée n'était transmise via le serveur.
Bien entendu, son objectif était de me faire chier: check.
J'ai contacté le syndicat puis j'ai préparé un courrier à mon IPR dans la foulée, mais sans l'envoyer de suite.
Et allez !
Au bout de trois jours, j'ai reçu un nouveau mail, collectif celui-là, pour dire en rouge que les applis, blogs et chat personnels étaient à proscrire et qu'il y avait des risques de «phishing», de «virus» et de «piratage de données» (ça m'étonne qu'il ne m'ait pas mis le coronavirus, ebola, le déficit du commerce extérieur, le trou de la sécu et les gilets jaunes sur le dos)
Comme je suis le seul de l'établissement à utiliser des outils persos, j'ai répondu pour moi et j'en ai remis une couche en lui conseillant d'aller chercher la définition de ces mots...
J'ai expédié le mail à mon IPR.
L'inspectrice
Elle m'appelle le lendemain pour en discuter: elle m'écoute, comprend le contexte (que je suis victime de ce type depuis des mois) et l'injustice que je subis. Elle me rassure «sur la qualité de mon travail et sur mes compétences dont je ne dois absolument pas douter» puis me propose de contacter la DANE pour avis (en gros, le service qui gère les outils informatiques)
Entre temps, le syndicat me dit que les IPR ne vont jamais à la chicore avec les chefs d'établissements. Mais bon: l'espoir fait vivre.
Le lendemain, elle me rappelle pour me dire:
- que la DANE a confirmé qu'il fallait éviter les multiplications d'outils parce que les élèves se plaignent d'être perdus
- qu'il faut éviter la fuite de données
- qu'elle me conseille donc de m'exécuter et de ne plus utiliser que les outils institutionnels.
Je défends mon travail:
- pas de fuite de données puisqu'il n'y a pas de données,
- pas de soucis de connexion et accès largement facilité
- paradoxe entre le fait de demander de toucher tous les élèves même ceux qui ont des problèmes d'accès et le fait de contrer toute tentative de mettre en place ce qui va dans ce sens.
- j'ai argué de ma liberté pédagogique foulée au pied par le chef
- j'ai précisé que mes élèves et leurs parents étaient ravis de ce que je proposais
- j'ai ajouté que dans le contexte de cette relation conflictuelle il allait se sentir pousser des ailes.
Humhum emmerdé de l'IPR qui a noyé le poisson mais en disant en substance que je suis tenu d'obéir à mon chef d'établissement. Elle m'a proposé de joindre à nouveau la DANE mais de ne plus utiliser mes outils en attendant.
effectivement, les IPR ne se mouilleront pas pour moi
Donc...
J'ai viré l'accès à tout mon boulot, que j'ai fait sur mon temps libre sans compter mes heures, qui ne coûtait rien à personne, qui fonctionnait mieux que les applis proposées et touchaient plus de personnes.
J'ai mis un message d'explication à la place. J'ai envoyé un mail d'explication clair et sans ambiguïté à tous les parents et élèves.
J'ai déjà des retours de parents et d'élèves qui regrettent mes applis et l'autonomie qu'elles permettaient à leur enfant. J'ai même eu des mails de soutien clairs, notamment de la part de la maman d'un enfant autiste qui était très heureux de faire les activités en espagnol.
Conclusion
L'éducation nationale devient un monde de merde régi par des administratifs inhumains et sans talent dans lequel on tue la créativité, on méprise les compétences, on chie sur le personnel en réunion et dans lequel plus on est médiocre et alcolo plus on a de pouvoir sur les autres...
C'est noté !
Là, j'en suis à un stade où je suis angoissé à l'idée de voir arriver le prochain mail de mon chef.
Carrément.
S'il revient à la charge, j'irai voir mon médecin, qui me suit depuis mon burnout et qui connaît la situation avec mon chef, pour lui demander un certificat arguant du fait que je vis très mal le harcèlement de l'autre coprolithe et je lui demanderai de m'arrêter puis je compléterai le dossier que je monte contre lui pour harcèlement moral. La suite ce sera courrier AR pour lui demander de cesser sous peine de devoir déposer une plainte...
J'en suis là.
En tout cas, en attendant, je m'en tiendrai au PDF déposé dans l'ENT en début de journée et le repos tranquilou avec un jeu vidéo sur mon temps de cours. Comme lui, qui passe ses journées à picoler un doigt dans le pif et l'autre dans le cul.
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