Les legos, dans la famille, ça a été plus ou moins une religion ... avec des pratiques différentes, toutefois...
Mon grand appliquait les notices de montage au cordeau et fil-à-plomb puis exposait les modèles montés comme sur la boîte... une fois lassé, il démontait scrupuleusement tout et rangeait les pièces dans les boîtes.
Mes filles ont utilisé les kits lego pour raconter des histoires et faire évoluer les personnages dans des scénars parfois alambiqués...
Mon dernier, lui, est plus dans le freestyle... le genre à tout mélanger dans les boîtes, OSEF des notices de montage après la première fois et en mode concepteur fou
Et dans le genre, il s'en tire remarquablement: il réfléchit à des véhicules qu'il optimise, ajoute des suspensions, se heurte à des problèmes de transmission qu'il résout à leur tour, démonte, recommence, trouve de nouvelles stratégies, réorganise son modèle... et de tâtonnement en tests empiriques, il mène une véritable recherche qui l'amène à produire des appareils d'une étonnante complexité.
Là, il a fait une prince, puis l'a installée sur un axe motorisé et - quand il s'est aperçu que les objets étaient trop bas pour les doigts - a modifié son modèle pour y ajouter un axe d'inclinaison motorisé...
Une petite démo en vidéo...
A 13 ans, il observe, tente de comprendre comment tout fonctionne, émet des théories, me demande confirmation, fait ses recherches de son côté... il y passe des heures et ça fait plaisir à voir.
Il est très fier de ses créations et son papa est très fier de lui
l'école où va mon petit dernier a pris les choses en main pour essayer de faire au mieux avec une situation de reprise bien bien pourrie...
Ils ont fait passer des questionnaires pour savoir qui viendrait selon les conditions éventuelles et ils nous ont expliqué ce que serait la vie de nos gamins à l'école.
distance sociale rigoureuse y compris dans la cour ou les enfants sortiront par groupes, en restant loin les uns des autres.
règles de circulation drastiques en classe
impossibilité pour l'enseignant de s'approcher pour aider les enfants
jeux d'école bannis et interdits car trop complexes à décontaminer.
Au même moment, je suis tombé sur la photo suivante dans un fil mastodon:
Et elle m'a brisé le coeur...
Je sais
que les directeurs d'écoles ont pris ces décisions pour respecter des directives de déconfinement ridicules et trop précoces, je sais qu'ils en sont eux-aussi victimes (sauf qu'en plus ils doivent tout organiser sans moyens supplémentaires): tout ce que je vais dire n'est donc absolument pas une critique de mes collègues professeurs des écoles, que je remercie au passage pour le boulot qu'ils ont fait et qu'ils se préparent à faire.
Le problème de ce déconfinement scolaire, hormis le fait qu'il a été ordonné en dépit du bon sens et pour des raisons économiques au lieu de sanitaires, c'est qu'il oublie, excusez-moi du peu, le fondement de l'école et de la société qui est le contact humain: on cherche à faire du contact humain sans faire de contact humain.
L'école,
ce n'est pas que des fiches de grammaire, des cahiers de maths, de la lecture, des évaluations... c'est aussi les copains, faire les fous dans la cour, grimper sur le château, se prendre pour un pirate et s'écorcher un peu les genoux, se disputer et de pardonner... l'école c'est aussi le regard de la maîtresse qui voit que tu fais de ton mieux, c'est le maître qui vient regarder ton travail pour t'expliquer comment tu peux l'améliorer, c'est le dessin que tu as fait pour l'enseignant que ce dernier affiche au-dessus de son bureau en faisant de toi la star des 15 prochaines minutes...
L'école c'est aussi des moments d'insouciance : les mêmes moments d'insouciance qui nous manquent tellement une fois devenus adultes... Voilà ce qu'on propose aux mômes: une école vidée des rapports humains et de l'insouciance, une école organisée avec une rigueur logistique de robot pensée par des adultes qui n'auront pas à la subir, lu cul vissé dans leur fauteuil de ministre... une école déshumanisée dans laquelle on a banni l'insouciance à coups de pied dans le badaboum.
Le résultat ?
Ben les mômes sont inquiets et stressés à l'idée d'y retourner.
Le mien a peur d'y aller. Déjà que le fonctionnement de l'école n'est pas le plus adapté pour lui vu qu'il est à la limite du TDA avec un cerveau qui cartonne à 1000 à l'heure, watmille idées en même temps, toujours un truc à dire et une hyper sensibilité doublée d'une tendance à se mettre la pression... Le seul truc qui lui va, c'est qu'on s'occupe de lui, qu'on le rassure, qu'on prenne le temps de se mettre à côté, qu'on le félicite, qu'on le valorise...
Soyons clairs: il a épuisé plusieurs enseignantes et on a passé des dizaines d'heures en RDV chez des spécialistes divers, à faire des bilans etc...
Mais pour lui, l'école à la maison, c'est super: on s'occupe de lui, il peut prendre son temps, quand il pète un plomb il peut aller se calmer dans sa chambre, la récré c'est à faire le fou dans le jardin ou à se jeter sur ses lego pour bricoler des trucs...
Désolé, mais je ne me vois pas le renvoyer dans une école qui va lui demander de ne pas bouger, d'être entièrement autonome, de rester tout seul dans son carré sans jouer et sans jouets... je refuse de le rendre malheureux exprès.
Je le renverrai quand l'école sera redevenue un endroit pour les enfants.
Excellent article à lire d'urgence, surtout si vous lisez compulsivement les billets de parentalité positive qui vous font souvent culpabiliser.
Ce qui est sûr, c'est que le "coût" de l'éducation d'un enfant est bien plus élevé aujourd'hui. On attend beaucoup plus des parents aujourd'hui : qu'ils proposent des activités, qu'ils investissent dans une quantité de matériel ludique ou de puériculture, qu'ils accompagnent les apprentissages, qu'ils permettent de développer les goûts, les aspirations propres des enfants. Donc effectivement, je ne sais pas si c'est plus compliqué mais en tout cas, il y a des attentes beaucoup plus importantes.
L'approche de l'éducation bienveillante est de dire que les enfants ne font pas de "caprices" mais ont des besoins non satisfaits qu'il faut prendre en compte, que s'ils font des colères c'est que leur cerveau immature les empêche de maîtriser leurs émotions.
Selon cette norme, le parent "parfait" ne doit jamais s'énerver, jamais crier, toujours être disponible pour écouter, rassurer, négocier. Cet idéal s'impose actuellement de manière d'autant plus dogmatique qu'il est présenté comme "prouvé scientifiquement", grâce aux neurosciences, et qu'à ce titre, il semble incontestable.
Cela m'agace un peu parce que je suis personnellement convaincue qu'il est souhaitable pour notre société d'aller vers la non violence éducative et de réfléchir aux rapports de domination des adultes sur les enfants. Mais je pense aussi qu'on peut construire cet idéal social sans imposer un dogme, sans distribuer des bons points aux "bons" parents, et stigmatiser les autres.
Et ce d'autant plus qu'on juge souvent les parents sans même se demander ce qu'ils vivent chaque jour, à quelles difficultés quotidiennes ils sont confrontés. Aujourd’hui on ne peut pas demander ce calme parfait aux parents. D'être prête à reprendre le boulot, prête à être à l'écoute de son enfant puis en même de temps cultiver des passions personnelles du sport à la culture, tout en ne dormant pas et en ne mangeant pas bien.
[...] peut être se dire que se retrouver tout seuls, avec son bébé, ça n'est juste pas humain. On a besoin de soutien, d'aide. [...] les plus grands [frères et soeurs] sont ravis de faire ce qu'ils peuvent faire : apporter un jouet au bébé qui pleure, faire un câlin. Quand un enfant arrive, on dit souvent "ah oui l'aîné est jaloux"... Mais c'est parce qu'il est rarement inclus.
Beaucoup de sociologues disent que l'adolescence n'est pas une crise de l'enfant mais une crise des parents. C'est une crise parentale car l'enfant devient plus adulte. Il a les moyens d'affirmer ce qu'il veut ou ce qu'il ne veut pas, de faire valoir ses goûts et sa manière de voir l'avenir. Or les parents ne sont pas habitués à cela, et donc il y a des conflits. L'hypothèse qu'on pourrait faire c'est que peut-être, si on écoutait et reconnaissait que les enfants ont une certaine autonomie, on pourrait vivre ce moment plus en douceur...
Oui, il me semble beaucoup plus facile de ne pas m'énerver avec mes ados, même quand ils sont de mauvaise foi et ont des jugements à l'emporte-pièce... On peut vraiment discuter avec eux, ils comprennent la négociation et peuvent comprendre quand ils sont allés trop loin.
Les règles "rouges", celles auxquelles il ne faut jamais déroger car cela implique la sécurité de l'enfant. Par exemple : oui on va contraindre l'enfant à ne pas traverser la route sans adulte car cela le met en danger physiquement. Ce n'est pas négociable.
Ensuite il y a les règles "roses" qui sont les règles du bien vivre ensemble de notre société. Celles-ci peuvent peut être expliquées, négociées, discutées. Car ce n'est pas un danger pour la sécurité. Et même, c'est une occasion d'apprentissage : l'enfant est en train de comprendre comment on vit dans la société dans laquelle il grandit.
Et enfin il y a les "orientations bleues", ce sont les grandes valeurs que l'on veut transmettre à ses enfants, son héritage intellectuel. PDF
J'aime bien la citation finale :
Khalil Gibran : "Vos enfants ne sont pas vos enfants […] Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas."